1.1. Pourquoi les AMAP ?
Côté consommateurs : insécurité alimentaire ("vache folle", OGM, dioxine, etc.), perte de qualité (fraîcheur, goût, etc.) des produits disponibles en Grandes Surfaces, perte de repères par rapport aux saisons et sur la manière de cuisiner les produits de base, inaccessibilité des produits de qualité aux personnes à bas revenus.
Côté agriculteurs : difficultés économiques se maintenir et s'installer, métier dévalorisé, faible nombre d'agriculteurs (conventionnels et bio) en région IdF. Paradoxe d'une agriculture industrielle subventionnée et d'une agriculture biologique sans soutien.
Côté société : environnement pollué et augmentation des problèmes de santé dus à la pollution et à une mauvaise alimentation, baisse inquiétante de la biodiversité, liens distendus entre agriculteurs et citadins, disparition des terres fertiles au profit de la spéculation immobilière ou de l'agrandissement des fermes, mondialisation de l'agriculture avec augmentation considérable des distances entre lieux de production et de consommation (avec les conséquences qui en découlent), etc.
2. Illustration d'un partage de récolte
Tous les samedis matins, Benoît Feyler, "fermier de famille" bio de l'AMAP de Paris 19è, fait le trajet de
Dormelles (77) jusqu'au bar équitable de Pierrick, lieu choisi par l'AMAP pour effectuer son partage de récolte.
Il y arrive à 10h45, 15mn avant le début de la distribution, et est accueilli par les 2 adhérents chargés cette semaine de l'aider (à tour de rôles, chaque adhérent de l'AMAP le fait au moins une fois tous les 6 mois) à :
- décharger le véhicule, et disposer les cagettes sur les tables de la salle (créer un sens de circulation pour la confectionn du panier, du légume le moins fragile au plus fragile : ne pas mettre les fraises avant les pommes de terre, afin que ces premières ne se retrouvent pas écraser dans le panier) ;
- indiquer sur un tableau la composition du panier de la semaine, suivant les indications données par Benoît ;
- accueillir au fur et à mesure des 2h de distribution l'ensemble des adhérents, leur faire cocher la feuille de présence, leur demander de s'inscrire pour tenir une permanence, leur remettre le bulletin de liaison de la semaine (dans lequel on trouve des nouvelles de la ferme, des recettes de cuisine, un agenda des activités de l'AMAP et du réseau, etc.) ;
- Durant la durée de la distribution, l'agriculteur est là pour répondre aux questions des adhérents. Les adhérents peuvent échanger entre eux les légumes qu'ils n'apprécient pas, discuter avec l'agriculteur de la prochaine sortie à la ferme, etc. Un cahier de liaison recueille la composition du panier semaine après semaine, ainsi que les remarques des adhérents (permet d'établir l'ordre du jour des réunions).
- A la fin, les "responsables distribution" de la semaine ramènent les cagettes vides au véhicule, rangent et nettoient la salle. S'il reste des légumes (absents, surplus, etc.), ceux-ci peuvent être partagés entre les présents ou remis à un organisme caritatif.
Remarque d'importance : rien de remplace le fait d'assister à un partage de récolte d'une AMAP déjà existante !
2. Les engagements en amap : "le 3*3"
2.1. Engagements généraux
Vente directe entre une ferme (maraîchage, élevage, etc.) et un groupe de consommateurs
Pas d'intermédiaire, l'argent ne transite pas par la structure associative
Proximité
La ferme doit être suffisamment proche pour pouvoir facilement y passer une journée
Convivialité
Des moyens sont mis en oeuvre pour faciliter les discussions entre adhérents, et avec l'agriculteur partenaire
(bulletins de liaison, visites de ferme et ateliers pédagogiques, ateliers cuisine, etc.)
2.2. Engagements de la ferme partenaire
Qualité et diversité des produits
Produits provenant de la ferme, frais, de saison, issus d'une agriculture écologique (ou en devenir), et si possible de variétés anciennes
Pédagogie
Etre présent aux partages de productions, faire visiter la ferme au moins 1 fois par saison d'engagement, organiser avec les adhérents des ateliers pédagogiques, informer régulièrements sur l'avancée des cultures, donner des recettes de cuisine, etc.
Transparence technique et économique
Expliquer aux adhérents ses méthodes de travail et la manière dont le prix de la part de production a été fixé.
2.3. Engagements des adhérents
Pré-financement de la production
Tous les chèques sont remis au référent trésorerie du groupe avant réception des produits. La durée de l'engagement est fonction du cycle de production concerné (en général, 6 mois pour les fruits et légumes, 1 an pour la viande et les produits secs/transformés). Dans l'idéal, le versement des chèques correspond aux sorties de trésorerie de l'agriculteur. Aucun remboursement ou report (notamment pendant les vacances)n'est effectué afin de garantir l'écoulement de la production (aux adhérents de s'arranger entre eux).
Solidarité dans les aléas naturels
Le planning de production et le prix sont établis conjointement par l'agriculteur et le groupe. Ensuite, c'est l'agriculteur qui fixera le contenu des parts de production en fonction de l'avancée des cultures (en bonus ou malus). En cas de situation exceptionnelle (catastrophe climatique, etc.), une réunion entre les adhérents, l'agriculteur, et des représentants du réseau sera organisée.
Implication dans la gestion du groupe
Chaque adhérent assure, à tour de rôle, l'organisation du partage de production. Pour le bon fonctionnement du partenariat, d'autres rôles permanents sont à répartir parmi les adhérents. Au moins une fois par an, une réunion de bilan est effectué pour définir les améliorations à apporter.
DÉFINITION GÉNÉRALE DES AMAP
Une AMAP est une Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne ayant pour objectif de préserver l'existence et la continuité des fermes de proximité dans une logique d’agriculture durable, c'est-à-dire une agriculture paysanne, socialement équitable et écologiquement saine, de permettre à des consommateurs d’acheter à un prix juste des produits d’alimentation de qualité de leur choix, en étant informés de leur origine et de la façon dont ils ont été produits, et de participer activement à la sauvegarde et au développement de l’activité agricole locale dans le respect d’un développement durable.
Elle réunit un groupe de consommateurs et un agriculteur de proximité autour d’un contrat dans lequel chaque consommateur achète en début de saison une part de la production qui lui est livrée périodiquement à un coût constant. Le producteur s’engage à fournir des produits de qualité dans le respect de la charte des AMAP.
LES PRINCIPES GÉNÉRAUX À RESPECTER
Les AMAP doivent respecter 18 principes fondateurs :
- La référence à la charte de l’agriculture paysanne pour chaque producteur
- Une production de dimension humaine adaptée aux types de culture et d’élevage
- Une production respectueuse de la nature, de l’environnement et de l’animal : développement d’unebiodiversité, fertilité des sols, production sans engrais chimiques de synthèse ni pesticides, gestion économique de l’eau …
- Une bonne qualité des produits : gustative, sanitaire, environnementale
- L’appui à l’agriculture paysanne locale
- La solidarité et des liens actifs avec tous les acteurs locaux oeuvrant pour le maintien de l’agriculture durable et d’un commerce solidaire
- Le respect des normes sociales par rapport aux employés de l’exploitation, y compris le personnel temporaire
- La recherche de la transparence dans les actes d’achat, de production, de transformation et de vente des produits agricoles
- L’accompagnement du producteur à l’autonomie, c'est-à-dire la capacité à être maître de ses choix
- La proximité du producteur et des consommateurs : elle est indispensable pour assurer le lien direct entre eux et pour favoriser le circuit le plus court entre producteur et consommateurs
- Aucun intermédiaire entre producteur et consommateurs, pas de produits achetés et revendus par le producteur sans accord des consommateurs
- La définition à chaque saison d’un prix équitable entre producteur et consommateurs
- Une information fréquente du consommateur sur les produits
- La solidarité des consommateurs avec le producteur dans les aléas de la production
- Une participation active des consommateurs à l’AMAP favorisée notamment par la responsabilisation du maximum d’adhérents
- Une sensibilisation des adhérents de l’AMAP aux particularités de l’agriculture paysanne
Les dix principes de l’agriculture paysanne
Principe n° 1 Répartir les volumes de production afin de permettre au plus grand nombre d’agriculteurs d’accéder au métier et d’en vivre
Principe n° 2 Etre solidaire des paysans des autres régions d’Europe et du monde
Principe n° 3 Respecter la nature
Principe n° 4 Valoriser les ressources abondantes et économiser les ressources rares
Principe n° 5 Rechercher la transparence dans les actes d’achat, de production, de transformation et de vente des produits agricoles
Principe n° 6 Assurer la bonne qualité gustative et sanitaire des produits
Principe n° 7 Viser le maximum d’autonomie dans le fonctionnement des exploitations
Principe n° 8 Rechercher les partenariats avec d’autres acteurs du monde rural
Principe n° 9 Maintenir la diversité des populations animales élevées et des variétés végétales cultivées
Principe n° 10 Raisonner toujours à long terme et de manière globale