Fabrice - Bilan de l'année 2020

D’abord un petit rappel de l’historique.

J’ai créé mon exploitation en 2008. J’insiste sur le terme « créé » car je n’ai pas repris une exploitation existante avec un troupeau, des installations et des clients. Je suis parti de zéro en rachetant le troupeau et le matériel d’un éleveur d’Eure et Loir, à 200 kms d’ici qui arrêtait brusquement son activité pour raison de santé. Je quittais la région parisienne pour m’installer à la campagne avec l’enthousiasme, et la naïveté (pour ne pas dire l’inconscience) de quelqu’un qui ne connaît rien ou presque du monde agricole : du jour au lendemain, 25 chèvres et les charges qui vont avec, 60 litres de lait par jour, zéro client !!!!!

Les premières années ont été très difficiles jusqu’en 2011. Cette année-là je passe en BIO et je livre mes premières Amaps. Le bouche à oreille fonctionne et la situation s’améliore jusqu’en 2014. Catastrophe : je perds la moitié de mon troupeau à cause du parasitisme. Trop absorbé par la commercialisation et débordé de travail, j’ai négligé la partie élevage. Maintenant que j’ai les débouchés c’est la production qui s’écroule.

A partir de 2015 je remonte la pente et en 2018 j’embauche une apprentie, Lucie-Line qui fait un BTS en alternance. Ça change tout, moins de stress, et surtout plus de temps pour bien faire les choses. Mais quand Lucie est à l’école je me retrouve seul et les jours de livraison il est impossible de tout faire, la traite, la transformation, préparer les commandes et partir en livraison à 14h30. J’embauche donc une seconde salariée, Clémentine, à temps partiel.

L’embauche de salariées a tout changé. C’est un cercle vertueux : le travail est fait en temps et en heure, les chèvres vont mieux, elles produisent plus, j’ai plus de temps pour développer l’activité, j’arrive à l’heure aux livraisons ;).…

En 2020 Lucie-Line a eu son BTS, Julie la remplace depuis le mois d’août, en apprentissage également, jusqu’en 2022. Clémentine est maintenant embauchée à temps plein.

Même si 2020 a été une année record en terme de volume transformé et de chiffre d’affaires, l’épidémie de coronavirus a compliqué les choses. Pour pérenniser mon exploitation, consolider les emplois et enfin me verser un salaire décent j’ai besoin de développer mes ventes et le premier confinement a mis un frein à mes démarches de prospection. Paradoxalement la demande a été très forte pendant cette période, les Amaps ont commandé plus, certains réseaux se sont mis en place, des coopératives alimentaires ont passé commande... et tout est retombé avec le déconfinement.

Et juste après c’était les vacances d’été. Ça a été amplifié cette année mais c’est un phénomène récurrent. La saison commence en mars, la production augmente jusqu’à atteindre un maximum en mai-juin, le stock déborde et les vacances arrivent, les commandes baissent et les fromages sèchent sur les grilles jusqu’à devenir immangeables. Tous les ans c’est la même chose. J’ai bien envisagé de faire interdire les congés d’été mais l’idée ne semble pas plaire à grand monde.

L’autre solution serait de fabriquer de la tomme au moment de la surproduction pour la ressortir après affinage quelques mois plus tard. J’y travaille, ainsi que sur la fabrication de yaourt. J’espère pouvoir proposer ces nouveaux produits la saison prochaine. C’est un gros chantier, agrandissement et réaménagement du labo, investissement important en matériel…

La « pause » hivernale va être bien remplie.

Un grand merci à tous pour votre soutien depuis toutes ces années et tout particulièrement aux référents pour leur aide précieuse.

La saison 2020 se termine bien et 2021 s’annonce encore meilleure.

A très bientôt,
Fabrice Dauce